« Ce sera la première fois que l’on essayera de reproduire l’antiquité sans histoire précise. »
Au cours du travail que Stravinsky et Roerich effectuèrent ensemble, cette idée de départ devint la « danse sacrale », de la deuxième partie. Vaslav aimait beaucoup « le professeur »…
« Maintenant que je travaille sur ce Sacre, ajouta mon frère, l’art de Roerich m’inspire autant que la puissance de la musique écrite par Stravinsky. »
Stravinsky avait donné à Vaslav une partition, notamment la « Danse sacrale », avant d’avoir complété l’œuvre.
Durant les répétitions, le pianiste, Steiman devait déchiffrer la partition pour orchestre de Stravinsky et la transcrire pour piano. Vaslav qui l’avait entendue jouée par Stravinsky, sans doute à Bayreuth l’été précédent pouvait l’aider.
Je surveillais Vaslav au stade initial de sa création chorégraphique. Il écouta plusieurs fois la Danse Sacrale, très attentivement, puis demanda au pianiste de la rejouer entièrement phrase par phrase. Il l’arrêtait au milieu d’une phrase et la lui faisait rejouer plusieurs fois, jusqu’à ce qu’il en ait complètement assimilé le rythme. Ils travaillèrent tous deux sur cette danse jusqu’à ce que Vaslav fût certain de l’avoir complètement maîtrisée.
Le solo : il l’inventait pas à pas, en écoutant la musique, je suivis moi-même son inspiration chorégraphique. Le rythme du-mouvement qu’il créa n’avait jamais encore été utilisé par un chorégraphe, mais je n’avais aucune difficulté à exécuter des pas et des mouvements qui étaient nouveaux pour moi. La précision des rythmes de Stravinsky et la difficulté de les rendre étaient un véritable défi. Il ne fallut que deux répétitions à Vaslav pour créer mon solo.
Les danseurs : parfois, trop fatigués par une longue répétition, ils refusaient de travailler avec Nijinski. Il fallait vraiment avoir une grande confiance en soi et une immense volonté pour continuer à créer dans une atmosphère hostile et négative.