On répétait Petrouchka dans un bar minable au sous-sol du théâtre. La chaleur était intenable et Benois fit un croquis de Stravinsky au piano en bras de chemise. Dans la marge du croquis, Benois écrivit : « Fokine ne comprend rien aux rythmes de la danse des Cochers ».
Benois et Stravinsky étaient descendus à l’Albergo Italia, près des Quatre Fontaines, et leurs chambres donnaient sur les jardins Barberini. « Tous les matins, écrit Benois, j’entendais des tintements confus interrompus de temps à autre par de longs silences ; les dernières mesures de Petrouchka prenaient forme. »
Il y a pourtant des difficultés au Théâtre Constanzi. Malgré l’attitude amicale du Conte de San Martino, directeur de l’exposition Mondiale, la direction du théâtre faisait constamment preuve d’hostilité… par exemple, le silence devait être rigoureusement respecté lors des répétitions de Toscanini…
Mais la saison qui ouvrit le 15 mai fut un triomphe. Le Roi d’Italie ainsi que la reine et la reine-mère assistèrent à la deuxième représentation et il y eut seize rappels. Diaghilev allait mieux !
Le 1er juin la troupe arrive à Paris. (Buckle, Diaghilev).
Boucourechliev : Quelle est la part réelle de Benois dans le scénario de Petrouchka ? Sans doute suffisante pour qu’il ait été reconnu par la SACEM comme coauteur légal du livret, autorisé à percevoir à ce titre un sixième des droits, même sur les exécutions de concert. Stravinsky, quant à lui, a tout fait pour se dégager de ce partage, en vain ; ayant le ressentiment long et tenace, surtout en matière financière, il finit par s’éloigner de Benois jusqu’à ce qu’en 1929 une brouille achève de consommer leur rupture.
Buckle dans Nijinski : A Rome : La femme de Benois vient le rejoindre, Nourok arrive ainsi que Serov et sa femme. Karsavina retrouve son frère et sa belle-sœur.
Diaghilev avait organisé à Rome une exposition de peinture russe à l’exposition Internationale.
A Rome : Stravinsky écrit : « …Je me souviens toujours avec plaisir de ce printemps à Rome que je voyais pour la première fois. Malgré mon travail assidu à l’Albergo Italia où nous habitions Benois et moi, le peintre russe Serov pour qui je me pris d’une sincère affection. Nous trouvions le temps de faire des promenades qui se révélèrent très édifiantes pour moi. Edifiantes car en compagnie de Benois, très érudit, connaisseur en matières d’art et d’histoire possédant en outre le talent de présenter les choses du passé de la façon la plus vivante, devinrent une véritable école qui me passionnait. »
...Je rencontrai Gerald Tyrwhitt, il n’était pas encore Lord Berners, à Rome en 1911, Je le vis souvent par la suite et à chacun de mes voyages en Angleterre et je fus son invité à chacune de mes visites.