Paris


La première de Petrouchka est prévue le 13 Juin 1911. Le 31 mai, Diaghilev avait télégraphié à Astruc que Tcherepnine dirigerait le premier programme et Monteux le deuxième, qu’il avait besoin de vingt hommes, vingt femmes et huit enfants pour assurer la figuration de Petrouchka.

Le vendredi 1er juin, les danseurs arrivent avec le train de nuit de Rome avec la perspective d’un week-end bien rempli devant eux.

Fokine avait eu de la peine à comprendre – et n’aima jamais – la musique de Stravinsky, Petrouchka compris. Il ne fut pas le seul dans ce cas. De son côté, Stravinsky ne fut jamais satisfait de la manière décousue dont Fokine avait traité les scènes de foule. Il faut dire à sa décharge qu’il n’avait disposé que d’une seule répétition de deux heures pour les régler. Stravinsky n’aimait pas les costumes de Benois. Celui-ci trouvait par contre tout parfait.

Monteux eut de la peine à persuader les musiciens qu’il s’agissait d’autre chose que d’une plaisanterie. Lorsque l’orchestre avait commencé à jouer la musique de Stravinsky, ils éclatèrent de rire. Benois fit une scène au sujet des décors et présenta sa démission à Diaghilev.

Stravinsky prit une part active à l’élaboration scénique, se voyant ainsi confirmé dans son statut d’homme de théâtre. Sur la création de l’œuvre elle-même, le compositeur est resté plutôt laconique. La sonorité de l’orchestre « lui plut », le succès de l’œuvre lui apportant « une absolue confiance en son oreille au moment même où il aborde une nouvelle création ». Célèbre, il est entouré, sollicité par la société parisienne, si friande de personnalités nouvelles. Il est entré dans l’intimité de Debussy, il est l’ami de Ravel, d’Eric Satie.

Sur Fokine : Fokine était l’homme le plus désagréable avec lequel j’aie jamais travaillé. En fait, je ne fus jamais l’ami de Fokine même durant les premières années de notre collaboration car j’étais partisan de Cacchetti et pour Fokine, Cacchetti n’était qu’un vulgaire académicien. Après l’Oiseau de feu et Petrouchka, je n’eus plus grand-chose à faire avec lui. Il fut gâté par son succès en Amérique. Jusqu’à la fin de sa vie en 1940, je reçus des réclamations concernant les affaires ou des question de droits d’auteur relatifs à l’Oiseau de feu qu’il mentionne affirmativement comme « mon » accompagnement musical de « son » poème chorégraphique. ».

Debussy avait vu ce que peu de gens avaient remarqué : l’importance musicale des pages du « Tour de passe-passe », celles qui précèdent immédiatement la danse finale des marionnettes au premier tableau.